Ah ! L'aube n'allait pas tarder, et enfin, c'était le cimetière ! Une fois auparavant, Rigel avait échoué dans ce lugubre endroit en cherchant sa clairière. Il savait qu'il fallait se perdre pour le trouver. S'égarer dans la forêt de Luyren était sans doute chose aisée pour beaucoup, mais pas pour ceux qui l'habitaient. Le Rouquin marchait depuis un moment déjà, discutant avec les animaux hallucinatoires qu'il côtoyait et portant sur son dos un lourd sac de toile.
Pourquoi venait-il de lui-même dans le repaire d'un vampire assoiffé qui ne devait pas le porter dans son cœur ? Lui seul le savait. Quoi qu'il en soit, toute logique semblait échapper à son esprit embrumé. S'il avait fallut décrire Rigel, on aurait dit qu'il était contradictoire, absurde, dément, insensé, camé.
Il s'avança parmi les sépultures, lançant des regards intéressés autour de lui, comme si l'ombre qui régnait dans cet endroit macabre était à ses yeux parsemée de couleurs.
"Monsieur le Vampire ?" héla-t-il plusieurs fois. "Je m'excuse de vous déranger à nouveau, mais êtes-vous là ?"
"Tu crois qu'il est ici ?" demanda-t-il à sa compagne imaginaire. "J'ai l'impression qu'il ne m'entend pas... Oui, peut-être qu'il dort ou qu'il est parti à la chasse... Bah, je vais l'appeler encore un peu".
"Monsieur le Vampire ! Vous avez de la visite !"